1. Qu’est-ce que l’IRCM ? L’Impôt sur les Revenus de Capitaux Mobiliers (IRCM) est la taxe appliquée sur les gains que vous réalisez grâce à vos placements financiers. Pensez aux intérêts de votre épargne, aux dividendes de vos actions, ou aux profits lors de la vente de titres. En bref, il vise à taxer la richesse générée par votre capital, et non par votre travail. L’IRCM constitue une catégorie spécifique de revenus dans le cadre de l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP). Cette spécificité se justifie par la nature particulière des revenus concernés, qui ne sont pas le fruit d’un travail ou d’une activité professionnelle, mais la rémunération d’un capital investi. La particularité de cet impôt réside aussi dans son mode de recouvrement, généralement opéré à la source, ce qui le rend particulièrement efficace et simplifie les démarches administratives pour les contribuables. 2. Quels revenus sont concernés ? L’IRCM s’applique à une variété de gains issus de placements financiers ou d’investissements en capital. Ces revenus sont classés en plusieurs catégories selon leur nature et leurs caractéristiques. ✅ Revenus Imposables : ce qui est taxé Revenus Variables (Ex : Dividendes) Il s’agit de gains dont le montant peut fluctuer d’une période à l’autre, en fonction des résultats économiques de l’entité qui les verse : Dividendes : La part des bénéfices que les entreprises camerounaises distribuent à leurs actionnaires ou associés après approbation des comptes annuels. Autres distributions de bénéfices : Rémunérations et avantages octroyés aux associés ou actionnaires en dehors des dividendes officiels (avances, prêts à taux préférentiel, prise en charge de dépenses personnelles…). Jetons de présence : Sommes allouées aux membres du conseil d’administration d’une société anonyme en rémunération de leur participation aux réunions. Tantièmes : Part des bénéfices attribuée aux administrateurs de certaines sociétés. Revenus Fixes (Ex : Intérêts) Ces gains ont généralement un montant prédéterminé ou calculable selon des modalités fixées à l’avance : Intérêts sur les prêts que vous accordez sous forme d’obligations ou d’effets publics. Revenus de vos créances (prêts à des tiers), dépôts bancaires, et sommes versées en garantie (cautionnements). Intérêts des comptes courants d’associés dans les sociétés. Produits des bons de caisse émis par les entreprises. Revenus des obligations à revenu fixe émises par des entités privées ou publiques. Plus-values (Profits de Vente) Il s’agit du bénéfice réalisé lorsque vous vendez plus cher que vous n’avez acheté certains titres : Actions, obligations, parts sociales : La différence positive entre le prix de vente et le prix d’acquisition de ces titres. Titres liés aux ressources naturelles : Plus-values sur la cession de droits sociaux dans des entreprises dont l’actif est principalement constitué de titres miniers ou pétroliers. Cessions de droits d’attribution ou de souscription. 3. Revenus Exonérés : ce qui n’est PAS taxé (sous conditions) Certains revenus sont spécifiquement exclus de l’IRCM, souvent pour encourager certains types d’investissements ou protéger les petits épargnants : Intérêts des bons et obligations émis par l’État camerounais ou les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) : Cette exonération vise à encourager les investisseurs à financer les projets publics. Intérêts de votre épargne bancaire si le montant total épargné ne dépasse pas 50 millions FCFA : Mesure favorable aux petits épargnants, qui permet de stimuler l’épargne des particuliers tout en préservant leur pouvoir d’achat. Intérêts issus des comptes épargne-logement : Dispositif conçu pour favoriser l’accession à la propriété en encourageant l’épargne destinée à l’acquisition d’un logement. Intérêts sur les emprunts contractés à l’étranger pour une durée d’au moins 7 ans : Cette exonération vise à attirer les financements étrangers à long terme, particulièrement utiles pour les grands projets d’investissement. Plus-values (profits de vente) inférieures à 500 000 FCFA par an : Seuil en dessous duquel les gains de cession sont considérés comme non significatifs. Plus-values réalisées sur des titres cotés à la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) : Mesure destinée à dynamiser le marché boursier régional en rendant plus attrayants les investissements en actions cotées. 4. Quel est le taux de l’IRCM ? Le taux applicable varie selon la nature des revenus et le statut du bénéficiaire : Dividendes et distributions assimilées Taux standard : 15% du montant brut des dividendes Majoration : +10% au titre des Centimes Additionnels Communaux (CAC) Taux global effectif : 16,5% (15% + 1,5% de CAC) Intérêts et revenus assimilés Taux standard : 15% du montant brut des intérêts Majoration : +10% au titre des Centimes Additionnels Communaux (CAC) Taux global effectif : 16,5% (15% + 1,5% de CAC) Plus-values sur cessions de valeurs mobilières Taux standard : 10% de la plus-value nette réalisée Majoration : +10% au titre des Centimes Additionnels Communaux (CAC) Taux global effectif : 11% (10% + 1% de CAC) Cas particuliers Revenus versés dans un paradis fiscal : Le taux peut être majoré (jusqu’à 30% selon les cas) Non-résidents : Application possible de taux réduits en fonction des conventions fiscales internationales 5. Comment l’IRCM est-il payé ? Facile : la retenue à la source ! L’IRCM présente la particularité d’être prélevé directement par celui qui vous verse les revenus, ce qui simplifie considérablement les démarches administratives pour le bénéficiaire : Retenue à la source L’organisme payeur prélève l’impôt avant de vous verser le revenu net : Pour les intérêts : Votre banque ou l’établissement financier Pour les dividendes : L’entreprise qui distribue les bénéfices Pour une plus-value : L’intermédiaire financier qui gère la transaction (société de bourse, agent de change…) Versement à la DGI Cet organisme a ensuite 15 jours après le paiement du revenu pour reverser l’impôt collecté à la Direction Générale des Impôts. Le versement s’accompagne généralement d’une déclaration récapitulative précisant l’identité des bénéficiaires et les montants versés. Cas particulier des dividendes Les dividendes sont considérés comme mis à disposition (et donc l’impôt est dû) au plus tard 9 mois après la clôture de l’exercice de l’entreprise, même s’ils ne sont pas encore physiquement versés. Cette disposition évite que les entreprises ne diffèrent indéfiniment le versement des dividendes pour reporter le paiement de l’impôt. 6. Exemples concrets Exemple 1 : Dividendes Supposons que vous détenez des actions d’une société camerounaise qui vous verse 1 000 000 FCFA de dividendes : IRCM dû : 1 000 000 × 15% = 150 000 FCFA CAC : 150 000 × 10% = 15 000 FCFA Total prélevé à la source : 165 000 FCFA Montant net que vous recevrez : 835 000 FCFA Exemple 2 : Intérêts bancaires Si vous avez un compte d’épargne avec 60 millions FCFA qui génère 3% d’intérêts annuels : Intérêts bruts : 60 000 000 × 3% = 1 800 000 FCFA IRCM dû : 1 800 000 × 15% = 270 000 FCFA CAC : 270 000 × 10% = 27 000 FCFA Total prélevé à la source : 297 000 FCFA Intérêts nets crédités sur votre compte : 1 503 000 FCFA Exemple 3 : Plus-value sur cession d’actions Si vous vendez des actions pour 3 500 000 FCFA que vous aviez achetées 2 000 000 FCFA : Plus-value réalisée : 3 500 000 – 2 000 000 = 1 500 000 FCFA IRCM dû : 1 500 000 × 10% = 150 000 FCFA CAC : 150 000 × 10% = 15 000 FCFA Total à payer : 165 000 FCFA 7. Obligations déclaratives Pour les organismes payeurs Les entités qui versent des revenus de capitaux mobiliers ont plusieurs obligations : Déclaration mensuelle des retenues effectuées à déposer avec le paiement avant le 15 du mois suivant Déclaration annuelle récapitulative à souscrire avant le 31 mars de l’année suivante Délivrance d’une attestation de retenue à chaque bénéficiaire, précisant la nature et le montant des revenus, ainsi que l’impôt prélevé Pour les bénéficiaires des revenus En principe, grâce à la retenue à la source, le contribuable n’a pas de démarche particulière à effectuer pour l’IRCM. Toutefois : Les revenus de capitaux mobiliers doivent être mentionnés dans la déclaration annuelle des revenus (même s’ils ont déjà été imposés à la source) Si certains revenus n’ont pas fait l’objet d’une retenue (revenus de source étrangère par exemple), le contribuable doit les déclarer spontanément et acquitter l’impôt correspondant Conclusion L’Impôt sur les Revenus de Capitaux Mobiliers constitue un mécanisme fiscal efficace qui permet de taxer les revenus du capital de manière simple et sécurisée, grâce au système de retenue à la source. Ce dispositif présente l’avantage de garantir un recouvrement optimal pour l’État tout en simplifiant les obligations déclaratives des contribuables. De plus, les diverses exonérations prévues permettent d’orienter l’épargne vers certains secteurs prioritaires (investissements publics, accession au logement) ou de protéger les petits épargnants. Pour optimiser votre situation fiscale, il peut être judicieux d’étudier les différentes possibilités d’investissement en tenant compte non seulement de leur rendement brut, mais également de leur traitement fiscal particulier.

Comment éviter le contentieux fiscal au Cameroun (2025) — Guide pratique de prévention

Le contentieux fiscal n’est pas une fatalité.
Dans la majorité des cas, il découle d’une mauvaise compréhension des obligations fiscales ou d’un manque de suivi administratif.

Le Livre des Procédures Fiscales 2025 offre pourtant un cadre clair permettant aux entreprises de se conformer à la loi, anticiper les contrôles et dialoguer efficacement avec l’administration.

Ce guide pratique présente les bonnes pratiques pour éviter tout contentieux fiscal au Cameroun — de la prévention à la gestion des litiges.

I. Connaître et respecter ses obligations fiscales

(Référence : Articles L1 à L22 du LPF)

La première étape pour éviter les litiges consiste à connaître les obligations fiscales de votre entreprise :

  • dépôt régulier des déclarations mensuelles et annuelles ;
  • tenue comptable conforme et à jour ;
  • respect des délais de paiement et des procédures électroniques.

💡 Astuce : mettez en place un calendrier fiscal mensuel pour suivre toutes les échéances.

II. Se préparer efficacement au contrôle fiscal

(Référence : Articles L18 à L28 bis du LPF)

Un contrôle fiscal ne doit pas être perçu comme une menace, mais comme une vérification normale.
Pour éviter les désaccords :

  • préparez tous les livres comptables et pièces justificatives ;
  • répondez avec précision aux demandes de l’administration ;
  • sollicitez un entretien contradictoire en cas d’incompréhension.

📘 Voir aussi : La procédure de redressement fiscal contradictoire

III. Éviter la taxation d’office et les redressements abusifs

(Référence : Articles L29 à L33 ter du LPF)

La taxation d’office survient souvent à cause du non-dépôt de déclarations ou du manque de communication avec l’administration.
Pour l’éviter :

  • déposez toujours vos déclarations, même si le montant est nul ;
  • répondez rapidement à toute notification ou mise en demeure ;
  • demandez un rescrit fiscal avant toute opération complexe.

📘 Voir : Taxation d’office et abus de droit fiscal

IV. Utiliser les voies de recours avant le tribunal

(Référence : Articles L116 à L127 du LPF)

Avant d’en arriver au tribunal administratif, plusieurs recours permettent de résoudre un litige à l’amiable :

  • réclamation contentieuse auprès de la DGI (article L116) ;
  • recours hiérarchique auprès du Directeur général des impôts ;
  • ou négociation directe avec le service de vérification.

📘 Voir aussi :

V. Anticiper le recouvrement forcé et négocier les paiements

(Référence : Articles L128 à L136 du LPF)

En cas de difficultés financières, il est préférable de dialoguer avec le receveur des impôts avant toute procédure de saisie.
Vous pouvez demander :

  • un échelonnement des paiements,
  • ou une suspension temporaire en cas de litige.

📘 Voir : Recouvrement forcé et exécution des décisions fiscales

VI. Mettre en place une stratégie de prévention fiscale

  • Tenez votre comptabilité à jour chaque mois.
  • Faites auditer vos comptes régulièrement par un cabinet agréé.
  • Centralisez vos documents (bordereaux, accusés, courriers).
  • Formez vos collaborateurs aux bases du droit fiscal camerounais.

💬 Conseil final : une entreprise bien organisée sur le plan fiscal réduit de plus de 70 % ses risques de contentieux selon les statistiques de la DGI.

🧩 Articles liés

alt="Recouvrement fiscal au Cameroun"

Recouvrement forcé et exécution des décisions fiscales au Cameroun (2025)

Lorsqu’un contribuable ne s’acquitte pas volontairement de ses impôts, l’administration fiscale dispose du pouvoir de recouvrement forcé.
Cette procédure, prévue par les articles L128 à L136 du Livre des Procédures Fiscales (LPF), permet à la DGI de contraindre au paiement des sommes dues, après notification et mise en demeure.

Le recouvrement forcé est la dernière étape du processus fiscal, mais aussi celle qui expose le contribuable à des saisies, blocages de comptes et ventes publiques.

I. La mise en demeure préalable

(Article L128 du LPF)

Avant toute mesure coercitive, l’administration doit adresser une mise en demeure au contribuable, l’invitant à régulariser sa situation sous 15 jours.

Cette notification précise :

  • le montant de la dette fiscale ;
  • la nature de l’impôt concerné ;
  • et le délai de paiement imparti.

💡 Astuce : il est possible de négocier un échelonnement du paiement auprès du receveur des impôts avant expiration du délai.

II. Les mesures de recouvrement forcé

(Articles L129 à L132 du LPF)

Si la dette n’est pas réglée, l’administration peut procéder à plusieurs actions coercitives :

1️⃣ Avis à tiers détenteur (ATD)

L’administration peut ordonner à un tiers (banque, client, employeur) de verser directement au Trésor les sommes qu’il détient pour le compte du contribuable.

2️⃣ Saisie sur comptes bancaires ou créances

Les fonds sont bloqués puis transférés à la DGI après un délai légal.

3️⃣ Saisie-vente des biens mobiliers ou immobiliers

En cas de non-paiement persistant, l’administration peut faire saisir et vendre les biens pour recouvrer la dette.

⚠️ Attention : les biens nécessaires à la vie quotidienne ou à l’exercice de l’activité professionnelle peuvent bénéficier d’une protection légale limitée.

III. ⚖️ Les garanties et droits du contribuable

(Articles L133 à L135 du LPF)

Même dans le cadre du recouvrement forcé, la loi prévoit des garanties pour le contribuable :

  • possibilité de contester la mesure devant le tribunal administratif (article L135) ;
  • droit à un délai de grâce ou à un échelonnement ;
  • protection de certains biens essentiels.

📘 Conseil pratique : conservez toutes les preuves de communication avec les services fiscaux. Une négociation amiable est souvent préférable avant la saisie.

IV. L’exécution des décisions fiscales et judiciaires

(Article L136 du LPF)

Lorsque le tribunal administratif ou la DGI rend une décision exécutoire, le recouvrement peut se poursuivre même en cas de recours si la décision n’a pas été suspendue.

💡 Bon à savoir : la suspension du recouvrement ne peut être obtenue que sur décision judiciaire motivée.

V. ✅ Bonnes pratiques pour éviter le recouvrement forcé

  • Répondez toujours aux mises en demeure dans les délais.
  • Sollicitez un échelonnement dès les premiers signes de difficulté.
  • Ne laissez jamais une dette fiscale sans suivi écrit.
  • Consultez un expert-comptable pour négocier un plan de paiement.
  • Si une saisie est engagée, faites immédiatement opposition par voie judiciaire.

🧩 Articles liés

alt="Contentieux fiscal au Cameroun"

Le contentieux fiscal devant le tribunal administratif au Cameroun (2025)

Lorsque la réclamation contentieuse n’aboutit pas, le contribuable peut porter l’affaire devant le tribunal administratif.
Cette étape, prévue par les articles L122 à L127 du Livre des Procédures Fiscales (LPF), marque le passage du recours administratif au recours juridictionnel.

C’est la phase où le contribuable peut demander à un juge de trancher un différend fiscal avec l’administration, en toute impartialité.

I. Quand saisir le tribunal administratif ?

(Article L122 du LPF)

La saisine du tribunal administratif est possible lorsque :

  • la réclamation contentieuse a été rejetée, explicitement ou implicitement (silence de 6 mois) ;
  • ou lorsque l’administration n’a pas répondu dans le délai légal.

Le contribuable dispose alors d’un délai de deux (2) mois à compter de la décision (ou du silence) pour déposer sa requête.

💡 Exemple concret : Une société ayant reçu un rejet de sa réclamation sur un redressement IS peut saisir le tribunal administratif dans les deux mois suivant la notification.

II. La forme de la requête introductive

(Article L123 du LPF)

La requête doit être adressée au président du tribunal administratif compétent et comporter :

  • les nom, raison sociale et adresse du contribuable ;
  • la décision contestée ;
  • les moyens de droit et de fait ;
  • et les pièces justificatives (notification, réponse de la DGI, preuves comptables, etc.).

📘 Astuce : il est fortement conseillé de se faire assister par un avocat fiscaliste ou un expert-comptable agréé pour la rédaction de la requête.

III. Le déroulement du contentieux fiscal

(Articles L124 à L126 du LPF)

Le contentieux suit plusieurs étapes :

  1. Enregistrement de la requête au greffe du tribunal administratif ;
  2. Notification à l’administration fiscale pour dépôt d’un mémoire en défense ;
  3. Échanges d’observations écrites entre les parties ;
  4. Audience publique devant la formation de jugement ;
  5. Décision rendue par le tribunal.

⚠️ Important : les décisions du tribunal sont exécutoires, mais peuvent faire l’objet d’un appel devant la Cour d’appel administrative (article L127 LPF).

IV. Les effets de la décision du tribunal administratif

Le jugement peut aboutir à :

  • une annulation totale ou partielle du redressement ;
  • une réduction d’impôt ;
  • ou une confirmation de la position de l’administration.

💡 Bon à savoir : en cas de succès, le contribuable peut obtenir le remboursement des sommes trop perçues ou la compensation sur les impôts futurs.

V. 🧩 Les recours contre la décision du tribunal

(Article L127 du LPF)

Deux types de recours sont possibles :

  • L’appel devant la Cour administrative d’appel ;
  • Le pourvoi en cassation devant la Cour suprême, pour violation de la loi.

📘 Astuce : le recours doit être introduit dans un délai de deux mois à compter de la notification du jugement.

VI. Bonnes pratiques pour un contentieux fiscal maîtrisé

Toujours passer par une réclamation préalable avant de saisir le juge.

  • Constituer un dossier complet et argumenté.
  • Faire appel à un expert fiscal ou juridique compétent.
  • Suivre les délais légaux à la lettre.
  • Conserver toutes les preuves de dépôt et notifications officielles.

🧩 Articles liés

alt="Réclamation contentieuse au Cameroun"

La réclamation contentieuse et les recours fiscaux au Cameroun (2025)

Après un redressement ou une imposition contestée, le contribuable dispose d’un droit fondamental de recours.
Au Cameroun, ce recours débute par la réclamation contentieuse, régie par les articles L116 à L121 du Livre des Procédures Fiscales (LPF).

La réclamation permet au contribuable de contester une imposition, une pénalité ou un acte fiscal, avant toute action judiciaire.
C’est une étape essentielle pour défendre ses droits sans passer immédiatement par le tribunal administratif.

I. Qu’est-ce qu’une réclamation contentieuse ?

(Article L116 du LPF)

L’article L116 définit la réclamation contentieuse comme toute demande tendant à obtenir la décharge, la réduction ou la rectification d’un impôt, droit ou taxe.

Elle peut concerner :

  • une imposition jugée injustifiée ;
  • une erreur de calcul ou de liquidation ;
  • ou une pénalité appliquée à tort.

💡 Exemple concret : une entreprise ayant reçu une pénalité de 100 % pour retard de TVA peut demander sa réduction si elle justifie un cas de force majeure.

II. Les délais pour introduire une réclamation

(Article L117 du LPF)

Le délai pour déposer une réclamation est de deux (2) mois à compter de la date de notification de l’imposition ou du redressement.

Toutefois, en cas de taxation d’office, le délai commence à courir à compter de la date du paiement ou de la mise en recouvrement.

⚠️ Attention : Une réclamation déposée hors délai est irrecevable. Il est donc essentiel de conserver les accusés de réception et les notifications fiscales.

III. La forme et le contenu de la réclamation

(Article L118 du LPF)

La réclamation doit être présentée par écrit, signée par le contribuable ou son représentant légal, et comporter :

  • les coordonnées complètes du contribuable ;
  • la référence de l’avis d’imposition contesté ;
  • les motifs précis de la réclamation ;
  • et les pièces justificatives à l’appui (factures, bordereaux, états comptables, etc.).

💡 Astuce pratique : il est recommandé d’adresser la réclamation par lettre recommandée avec accusé de réception ou via le portail des impôts du ministère des Finances.

IV. L’instruction et la décision de l’administration fiscale

(Articles L119 à L120 du LPF)

Après réception, la Direction des Impôts dispose d’un délai de six (6) mois pour répondre à la réclamation.
Deux issues sont possibles :

  1. Décision favorable : l’administration accorde une réduction ou une décharge.
  2. Décision défavorable ou silence : le contribuable peut alors saisir le tribunal administratif (article L122 du LPF).

📘 Bon à savoir : le silence de l’administration pendant plus de six mois vaut rejet implicite de la réclamation, ouvrant la voie au contentieux judiciaire.

V. Les recours hiérarchiques et amiables

(Article L121 du LPF)

Avant de saisir le tribunal, le contribuable peut exercer un recours hiérarchique auprès :

  • du Directeur général des impôts,
  • ou du Ministre des Finances,
    dans le but d’obtenir une solution amiable.

💡 Conseil pratique : le recours hiérarchique peut parfois permettre une révision partielle de la décision sans passer par le tribunal administratif.

VI. ✅ Bonnes pratiques pour réussir sa réclamation

  • Respectez scrupuleusement les délais légaux.
  • Appuyez toujours vos arguments par des preuves comptables.
  • Mentionnez clairement les articles de loi sur lesquels repose votre demande.
  • Suivez votre dossier de près via le service des impôts compétent.
  • Sollicitez l’assistance d’un cabinet d’expertise comptable agréé.

🧩 Articles liés

alt="prescription fiscale au Cameroun en 2025"

Les délais de prescription et limites du contrôle fiscal au Cameroun (2025)

Le pouvoir de contrôle de l’administration fiscale n’est pas illimité dans le temps.
Au Cameroun, la loi fixe des délais de prescription au-delà desquels l’administration ne peut plus rectifier ni redresser une imposition.

Les articles L34 à L41 bis du Livre des Procédures Fiscales (LPF) précisent la durée et les conditions de ces délais, ainsi que les cas particuliers qui peuvent les interrompre ou les prolonger.

Bien comprendre la prescription fiscale au Cameroun permet à chaque entreprise de défendre ses droits et d’anticiper les risques de contrôle.

I. Le principe de la prescription fiscale

(Article L34 du LPF)

L’article L34 dispose que les impôts et taxes dus au titre d’un exercice deviennent prescrits après quatre (4) ans à compter de la fin de l’année civile au cours de laquelle ils étaient exigibles.

Autrement dit, passé ce délai, l’administration ne peut plus engager de redressement fiscal ni réclamer des impôts complémentaires.

💡 Exemple concret :
Pour un impôt dû en 2021, la prescription s’appliquera à compter du 1er janvier 2026, sauf interruption.

II. Les causes d’interruption ou de suspension de la prescription

(Articles L35 à L37 du LPF)

Certaines situations interrompent ou suspendent le délai de prescription :

  • Notification d’un avis de vérification ou de redressement ;
  • Dépôt d’une plainte pour fraude fiscale ;
  • Réclamation contentieuse en cours ;
  • Recours administratif ou judiciaire introduit par le contribuable.

Lorsque la prescription est interrompue, un nouveau délai de quatre ans recommence à courir à compter de la dernière notification.

📘 Astuce : conservez toutes les correspondances de l’administration avec les dates de réception. Elles prouvent la régularité (ou non) des notifications dans le délai légal.

III. Cas particuliers de prolongation des délais

(Articles L38 à L40 du LPF)

Dans certaines circonstances, le délai de prescription est prolongé au-delà de 4 ans, notamment :

  • en cas de manœuvres frauduleuses du contribuable (jusqu’à 10 ans – article L38) ;
  • pour les revenus d’origine étrangère non déclarés (article L39) ;
  • ou lorsque le contrôle nécessite la coopération d’administrations étrangères.

⚠️ Attention : en cas de fraude avérée, la prescription ne protège plus le contribuable — le fisc peut remonter plusieurs années en arrière.

IV. Les limites du contrôle fiscal

(Articles L40 bis à L41 bis du LPF)

Même dans le délai de prescription, le contrôle fiscal est encadré :

  • il doit respecter les droits de la défense (notification préalable, charte du contribuable, contradictoire) ;
  • il ne peut s’étendre indéfiniment dans le temps (durée maximale de 6 mois, article L19) ;
  • et il ne doit pas porter sur des exercices déjà prescrits.

💡 Conseil pratique : si un avis de vérification concerne des années déjà prescrites, vous pouvez soulever l’exception de prescription dans votre réponse officielle.

V. Bonnes pratiques pour gérer la prescription fiscale

  • Archivez vos documents comptables pendant au moins 10 ans.
  • Notez les dates clés des contrôles et correspondances fiscales.
  • Vérifiez toujours la période concernée dans tout avis de vérification.
  • Faites-vous assister par un expert-comptable pour analyser la régularité d’un redressement.

🧩 Articles liés

alt="Décision de taxation d’office par l’administration fiscale camerounaise en 2025"

Taxation d’office et abus de droit fiscal au Cameroun (2025)

🎯 Introduction

Lorsqu’un contribuable ne dépose pas ses déclarations fiscales ou s’oppose à un contrôle, l’administration peut appliquer une taxation d’office.
Cette procédure, prévue par les articles L29 à L33 ter du Livre des Procédures Fiscales (LPF), permet au fisc d’évaluer et de fixer d’autorité les impôts dus.

Par ailleurs, le même chapitre introduit la notion d’abus de droit fiscal, qui sanctionne toute manœuvre destinée à échapper à l’impôt.

Cet article vous aide à comprendre :

  • les cas où la taxation d’office s’applique,
  • les conséquences pour le contribuable,
  • les possibilités de recours,
  • et les garde-fous contre l’abus de droit fiscal.

I. Qu’est-ce que la taxation d’office ?

(Articles L29 à L31 du LPF)

La taxation d’office intervient lorsque le contribuable :

  • ne souscrit pas ses déclarations dans les délais légaux,
  • ou ne présente pas les documents comptables lors d’un contrôle fiscal.

Selon l’article L29, dans ces cas, l’administration détermine elle-même les bases d’imposition en utilisant les informations disponibles (transactions, relevés bancaires, déclarations de tiers, etc.).

💡 Exemple concret :
Une entreprise qui ne dépose pas sa déclaration de TVA pendant plusieurs mois peut être taxée d’office par estimation de son chiffre d’affaires.

II. Les conséquences de la taxation d’office

La taxation d’office entraîne plusieurs effets juridiques et financiers :

  • Application automatique des majorations de 50 % à 100 % sur les droits dus (article L30) ;
  • Absence de possibilité de discussion préalable avec l’administration ;
  • Recouvrement forcé possible à l’issue de la notification.

⚠️ Attention : En cas de taxation d’office, la charge de la preuve repose sur le contribuable, qui doit démontrer que les bases d’imposition sont erronées.

III. Le droit au recours après une taxation d’office

(Article L31 du LPF)

Même en cas de taxation d’office, le contribuable conserve le droit de :

  • demander la révision des bases d’imposition dans un délai de 30 jours ;
  • ou introduire une réclamation contentieuse selon les articles L116 et suivants.

Pour être recevable, cette réclamation doit être accompagnée des justificatifs comptables prouvant que la taxation d’office est exagérée.

💡 Conseil pratique :
Si vous recevez une notification de taxation d’office, ne restez pas inactif. Répondez rapidement avec des preuves claires (livres comptables, relevés bancaires, factures, etc.).

IV. L’abus de droit fiscal

(Articles L32 à L33 du LPF)

L’abus de droit fiscal est défini comme toute opération ou montage juridique ayant pour but exclusif d’éluder l’impôt.
L’article L32 précise que l’administration peut écarter ces opérations et les requalifier selon leur véritable nature.

Exemples :

  • créer une société écran pour éviter la patente ou l’IS ;
  • manipuler artificiellement les prix de transfert entre sociétés liées.

📘 Sanctions : L’article L33 prévoit que les contribuables reconnus coupables d’abus de droit peuvent être soumis à des majorations et poursuites pénales en cas de fraude caractérisée.

V. 📚 Le rescrit fiscal : un outil de prévention

(Article L33 ter du LPF)

Pour éviter tout risque de requalification, le contribuable peut solliciter un rescrit fiscal, c’est-à-dire une prise de position écrite de l’administration sur un point de droit fiscal avant la réalisation d’une opération.

Ce mécanisme, encore peu utilisé au Cameroun, permet d’obtenir une sécurité juridique et d’éviter un futur contentieux.

💡 Astuce : Le rescrit fiscal est particulièrement utile lors des restructurations d’entreprises ou des opérations intra-groupes.

VI. Bonnes pratiques pour éviter la taxation d’office

  • Respectez les délais de dépôt de vos déclarations fiscales.
  • Tenez une comptabilité claire et à jour.
  • Répondez toujours aux correspondances fiscales.
  • En cas de doute, demandez un rescrit fiscal pour sécuriser votre position.
  • Faites-vous accompagner par un cabinet d’expertise comptable agréé.

🧩 Articles liés

alt="Redressement fiscal au Cameroun"

La procédure de redressement fiscal contradictoire au Cameroun (2025)

🎯 Introduction

Après le contrôle fiscal, si des anomalies sont détectées, l’administration engage une procédure de redressement fiscal.
Cette étape, régie par les articles L23 à L28 bis du Livre des Procédures Fiscales, vise à corriger les erreurs ou omissions constatées tout en garantissant un dialogue contradictoire entre le fisc et le contribuable.

Le redressement n’est donc pas une sanction immédiate, mais une phase d’échange durant laquelle l’entreprise peut faire valoir ses arguments et justifications.

I. La notification de redressement fiscal

(Articles L23 et L24 du LPF)

Le redressement commence par une notification écrite adressée au contribuable.
Conformément à l’article L23, cette notification doit préciser :

  • la nature des redressements envisagés,
  • les motifs détaillés,
  • les bases et montants rectifiés,
  • ainsi que les délais de réponse.

📘 Délai légal : le contribuable dispose de 30 jours pour répondre à compter de la réception de la notification.

II. La réponse du contribuable

(Articles L25 et L26 du LPF)

Durant ce délai, le contribuable peut :

  • accepter les redressements (totalement ou partiellement) ;
  • ou présenter des observations motivées pour contester les points litigieux.

L’administration doit ensuite examiner attentivement la réponse et notifier sa décision motivée.

💡 Conseil pratique : répondez toujours par écrit et dans les délais. Joignez tous les justificatifs (comptes, factures, contrats, correspondances).

III. Le principe du contradictoire

(Article L27 du LPF)

Le principe du contradictoire est au cœur du redressement fiscal.
L’article L27 impose à l’administration de permettre au contribuable de :

  • prendre connaissance des motifs des rectifications ;
  • présenter des arguments ;
  • obtenir une réunion d’échange avec le vérificateur, s’il le souhaite.

Cette réunion, appelée parfois entretien contradictoire, peut aboutir à :

  • un accord partiel ou total ;
  • ou, en cas de désaccord, au maintien du redressement initial.

IV. La décision de l’administration fiscale

(Articles L28 et L28 bis du LPF)

Après analyse des réponses, l’administration doit notifier sa décision finale motivée.
Cette décision précise :

  • les montants retenus ;
  • les pénalités éventuellement applicables ;
  • et les voies de recours possibles (réclamation contentieuse).

Le contribuable peut :

  • accepter la décision et régulariser sa situation ;
  • ou introduire une réclamation dans les délais légaux (article L116 et suivants du LPF).

V. Bonnes pratiques pour gérer un redressement fiscal

  • Lisez attentivement la notification et notez les articles cités.
  • Rassemblez tous vos justificatifs avant de répondre.
  • Respectez scrupuleusement le délai de 30 jours.
  • Faites-vous assister par un expert-comptable ou un conseil fiscal agréé.
  • En cas de désaccord persistant, préparez votre dossier de réclamation contentieuse.

🧩 Articles liés

alt="Contrôle fiscal au Cameroun"

Le contrôle fiscal et la vérification des comptes au Cameroun (2025)

🎯 Introduction

Après avoir rempli ses obligations fiscales, toute entreprise peut faire l’objet d’un contrôle fiscal au Cameroun.
Prévu aux articles L9 à L22 bis du Livre des Procédures Fiscales (LPF), le contrôle fiscal vise à vérifier la sincérité des déclarations et la conformité des opérations comptables.

Cet article vous aide à comprendre, étape par étape, comment se déroule un contrôle fiscal au Cameroun, quels sont vos droits, vos obligations et les bonnes pratiques pour aborder cette phase avec sérénité.

I. Les objectifs et formes du contrôle fiscal

(Articles L9 à L11 du LPF)

Le contrôle fiscal a pour but de vérifier la régularité et la sincérité des déclarations souscrites par le contribuable.
Selon l’article L9 du LPF, il existe plusieurs formes de contrôle :

  • Contrôle sur pièces — réalisé à partir des déclarations transmises.
  • Vérification de comptabilité — effectuée dans les locaux du contribuable.
  • Contrôle ponctuel — visant des opérations spécifiques (marchés publics, transactions, etc.).

💡 Conseil : Conservez tous vos justificatifs comptables (factures, contrats, relevés bancaires). Un dossier bien organisé facilite le contrôle et réduit les risques de redressement.

II. L’avis de vérification : une étape obligatoire

(Articles L12 à L14 du LPF)

Avant tout contrôle sur place, l’administration fiscale doit envoyer un avis de vérification.
Cet avis, prévu par l’article L12, mentionne :

  • le service chargé du contrôle,
  • la période vérifiée,
  • la date de début,
  • et les impôts concernés.

L’avis doit être notifié au moins huit jours avant le début du contrôle et être accompagné de la Charte du contribuable vérifié (article L13).

📘 À retenir : Un contrôle fiscal sans avis est irrégulier et peut être annulé par le tribunal administratif.

III. Les droits et garanties du contribuable

(Articles L15 à L18 du LPF)

Durant la vérification, le contribuable a plusieurs droits fondamentaux :

  • Être informé de l’objet et du déroulement du contrôle ;
  • Être assisté par un expert-comptable ;
  • Bénéficier d’un délai raisonnable pour répondre ;
  • Protéger la confidentialité de ses informations.

💡 Astuce pratique : Tenez un registre de contrôle fiscal pour suivre les visites, demandes de documents et échanges.

IV. 📊 Le déroulement du contrôle sur place

(Articles L19 à L21 du LPF)

Le contrôle s’effectue généralement dans les locaux du contribuable ou tout autre lieu convenu d’un commun accord.
Selon l’article L19, la durée ne peut dépasser six mois sauf cas exceptionnels.

À la fin, un avis de fin de vérification est remis (article L21), indiquant les constats du fisc.

V. La notification des redressements éventuels

(Article L22 du LPF)

En cas d’irrégularités, l’administration adresse une notification de redressement.
Le contribuable dispose de 30 jours pour y répondre, contester ou accepter.

💡 Bon à savoir : Vous pouvez demander un entretien contradictoire avec le vérificateur avant toute taxation d’office.

VI. Bonnes pratiques pour un contrôle fiscal réussi

  • Répondez toujours dans les délais légaux.
  • Soyez transparent et courtois avec les inspecteurs.
  • Classez vos documents comptables de manière claire.
  • Faites-vous accompagner par un cabinet d’expertise comptable agréé.

🧩 Articles liés

alt="Obligations fiscales du contribuable au Cameroun"

Les obligations fiscales du contribuable au Cameroun : immatriculation, déclarations et paiements

Au Cameroun, le Livre des Procédures Fiscales (LPF) constitue le socle de toutes les relations entre l’administration fiscale et le contribuable.
Ce texte, intégré au Code Général des Impôts (CGI), fixe les droits, les obligations et les recours à chaque étape du parcours fiscal — de la déclaration à la procédure contentieuse.

👉 Cette série d’articles vous guide pas à pas dans la procédure fiscale contentieuse au Cameroun en 2025, selon un ordre chronologique et pratique :

  1. Les obligations fiscales du contribuable
  2. Le contrôle fiscal
  3. Le redressement et la taxation d’office
  4. La prescription et les recours administratifs
  5. Le contentieux devant le tribunal administratif
  6. Le recouvrement forcé et les voies d’exécution

Chaque article vous renvoie vers les étapes précédentes et suivantes, pour que vous puissiez comprendre, anticiper et agir sereinement face à l’administration fiscale.

🧩 Introduction spécifique à l’article 1

Avant tout contrôle ou contentieux, chaque contribuable doit remplir correctement ses obligations fiscales.
Ces obligations sont définies dans les articles L1 à L8 quinquies du Livre des Procédures Fiscales.
Elles portent sur trois grands axes :

  • L’immatriculation auprès de l’administration fiscale ;
  • La déclaration des revenus, bénéfices ou chiffres d’affaires ;
  • Le paiement effectif des impôts dans les délais légaux.

I. L’immatriculation fiscale du contribuable

(Articles L1 à L3 du LPF)

L’immatriculation est le point de départ de toute existence fiscale.
Selon l’article L1 du LPF, toute personne physique ou morale exerçant une activité génératrice de revenus au Cameroun doit se faire identifier auprès de l’administration fiscale.

1️⃣ Numéro d’identification unique (NIU)

L’article L2 précise que cette identification se matérialise par un Numéro d’Identification Unique (NIU), obligatoire sur tous les documents officiels (factures, déclarations, correspondances administratives, etc.).

💡 Conseil pratique :
Si votre entreprise n’a pas encore de NIU, vous pouvez l’obtenir en ligne sur la plateforme du Ministère des Finances ou auprès du centre des impôts de votre ressort territorial.

2️⃣ Déclaration d’ouverture d’activité

L’article L3 impose à tout contribuable de déclarer le début de son activité dans un délai de 15 jours à compter de son lancement.
Cette déclaration précise :

  • la nature de l’activité,
  • le lieu d’exploitation,
  • la forme juridique de l’entreprise.

II. Les obligations de déclaration

(Articles L4 à L6 du LPF)

Une fois immatriculé, le contribuable doit déclarer régulièrement ses revenus, bénéfices ou opérations imposables.

1️⃣ Déclarations périodiques

L’article L4 dispose que ces déclarations doivent être dépôtées dans les délais légaux :

  • Mensuellement (TVA, retenues à la source)
  • Trimestriellement ou annuellement (Impôt sur les sociétés, patente, IRPP, etc.)

2️⃣ Forme des déclarations

Les articles L5 et L6 rappellent que toutes les déclarations doivent être sincères, exactes et signées par le contribuable ou son mandataire.
Depuis la généralisation de la télé-déclaration, elles peuvent être transmises via le portail des impôts .

💡 Bon à savoir :
Une déclaration incomplète ou tardive peut entraîner des pénalités de retard et des majorations, même en l’absence d’intention frauduleuse.

III. 💰 Les obligations de paiement et de conservation des documents

(Articles L7 à L8 quinquies du LPF)

1️⃣ Paiement des impôts dus

L’article L7 impose le paiement spontané des impôts déclarés, dans les délais prévus par le CGI.
En cas de non-paiement, l’administration peut initier une procédure de recouvrement forcé (articles L126 et suivants du LPF).

2️⃣ Conservation des documents comptables

L’article L8 oblige tout contribuable à conserver pendant dix ans l’ensemble de ses pièces justificatives (livres comptables, factures, bordereaux, contrats, etc.).
Ces documents peuvent être exigés à tout moment en cas de contrôle fiscal.

💡 Conseil pratique :
Optez pour une gestion numérique et un archivage électronique sécurisé afin de faciliter la vérification et éviter les pertes de documents.

IV. ⚠️ Les sanctions en cas de manquement

Le Livre des Procédures Fiscales prévoit plusieurs types de sanctions :

  • Amendes pour défaut d’immatriculation (article L3)
  • Pénalités pour déclaration tardive ou inexacte (articles L5 à L6)
  • Majoration pour retard ou défaut de paiement (article L7)

Ces sanctions peuvent être évitées grâce à une bonne organisation comptable et une veille fiscale régulière.

V. Bonnes pratiques pour les dirigeants et entrepreneurs

  • Mettez à jour vos déclarations fiscales à temps.
  • Centralisez vos documents comptables (factures, contrats, bordereaux).
  • Vérifiez régulièrement la conformité de vos déclarations sur le site des impôts.
  • Faites-vous accompagner par un cabinet d’expertise comptable agréé pour assurer la conformité et réduire les risques de redressement.

🧩 Articles liés

alt="Erreur de calcul de la patente au Cameroun"

Comment contester ou corriger une erreur de calcul de la patente au Cameroun ?

Le montant de la patente due par une entreprise au Cameroun est calculé sur la base des éléments déclarés ou estimés par l’administration fiscale.
Il peut arriver qu’une erreur de calcul, de classification ou de montant survienne. Le Code Général des Impôts 2025, notamment dans ses articles L81 à L94, prévoit une procédure officielle permettant au contribuable de contester ou corriger une erreur relative à la patente.

Cet article présente les démarches à suivre pour faire valoir ses droits, les délais à respecter et les issues possibles de la réclamation.

Pour mieux comprendre la base de calcul, consultez aussi :
Comment se calcule la patente selon le Code Général des Impôts 2025 ?

1. Quand peut-on contester une patente ?

La contestation peut être introduite lorsqu’une entreprise constate :

  • une erreur de montant sur l’avis de liquidation ou la quittance (mauvais taux appliqué, chiffre d’affaires mal évalué, etc.) ;
  • une mauvaise catégorisation (ex. : imposée comme moyenne entreprise alors qu’elle relève des petites entreprises) ;
  • une double imposition pour la même activité ou le même établissement ;
  • ou encore une omission d’exonération (exonération temporaire non appliquée pour une entreprise nouvelle).

Ces erreurs peuvent provenir d’une déclaration incomplète, d’une estimation d’office par l’administration, ou d’un simple report inexact d’informations.

2. À qui adresser la réclamation ?

La réclamation doit être adressée :

  • soit au Chef du Centre Divisionnaire ou Régional des Impôts (CDI ou CRI) compétent ;
  • soit directement au Délégué Régional des Impôts si le désaccord porte sur une décision du service.

La demande doit être rédigée par écrit, sur papier libre ou sur un formulaire de réclamation disponible à la DGI.

3. Délai pour introduire la réclamation

Le délai de réclamation est de deux (2) mois à compter :

  • de la date de notification du titre de patente, ou
  • de la date de paiement si le contribuable découvre l’erreur après avoir réglé le montant.

Passé ce délai, la réclamation est irrecevable, sauf en cas d’erreur matérielle manifeste reconnue par le service.

4. Contenu obligatoire de la réclamation

Pour être recevable, la demande doit comporter :

  1. L’identité complète du contribuable (raison sociale, NUI, adresse).
  2. L’exercice concerné et le numéro de titre de patente contesté.
  3. Le motif précis de la contestation.
  4. Les pièces justificatives (déclarations, relevés de chiffre d’affaires, quittances, documents comptables).
  5. La signature du représentant légal.

Une réclamation incomplète ou non signée est automatiquement rejetée par l’administration.

5. Suite donnée à la réclamation

L’administration dispose d’un délai de trois (3) mois pour répondre à la réclamation.

Trois issues sont possibles :

  • Acceptation totale : la patente est recalculée et un nouveau titre est délivré. Si un paiement a déjà été effectué, un remboursement ou un avoir fiscal est accordé.
  • Acceptation partielle : seule une partie du montant contesté est corrigée.
  • Rejet motivé : l’administration maintient le montant initial.

En cas de silence de l’administration à l’expiration du délai de trois mois, le contribuable peut considérer sa réclamation comme rejetée implicitement et saisir la juridiction compétente.

6. Recours en cas de désaccord

Si la décision administrative ne satisfait pas le contribuable, celui-ci peut introduire un recours contentieux devant le Tribunal Administratif du ressort du centre des impôts concerné, dans un délai de 30 jours après notification du rejet.

Le juge administratif statue alors sur la légitimité du calcul ou de la liquidation contestée.
Le recours judiciaire n’est toutefois recevable qu’après épuisement de la voie de réclamation interne auprès de la DGI.

7. Correction volontaire sans litige

Lorsqu’une entreprise constate elle-même une erreur de déclaration (par exemple un chiffre d’affaires mal reporté), elle peut adresser une demande de rectification spontanée avant tout contrôle fiscal.

L’administration procède alors à la correction sans appliquer de pénalité, à condition que la régularisation soit faite avant la date limite de paiement du 31 mars.
Ce mécanisme vise à encourager la conformité volontaire.

8. Exemple concret

Une entreprise de services informatiques classée à tort comme moyenne entreprise reçoit un avis de patente calculé à 850 000 FCFA.
Après vérification, son chiffre d’affaires réel la place dans la catégorie des petites entreprises, pour un droit de 120 000 FCFA.

Elle dépose une réclamation motivée dans les deux mois, pièces à l’appui.
L’administration accepte la correction, délivre un nouveau titre et rembourse la différence.

9. Bonnes pratiques pour éviter les litiges

  • Vérifier chaque année les éléments inscrits sur le titre de patente avant paiement.
  • Conserver les déclarations, registres et preuves de chiffre d’affaires.
  • En cas d’estimation d’office, répondre rapidement aux convocations du centre des impôts.
  • Déclarer tout changement d’activité ou de localisation dans les délais prévus.

Ces réflexes permettent d’éviter la plupart des erreurs de liquidation.

Articles complémentaires