Entrepreneur camerounais consultant un portail fiscal en ligne sur la fiscalité numérique, avec la carte du Cameroun et les logos de META, TikTok et YouTube en arrière-plan

Fiscalité du numérique au Cameroun : Portée et enjeux de l’article 23 bis de la Loi de finances pour l’exercice 2026

La Loi de finances pour l’exercice 2026 a introduit, à travers son article 23 bis, un dispositif inédit visant les entreprises non résidentes du secteur numérique disposant d’une présence économique significative au Cameroun.

Cette réforme s’inscrit dans une dynamique internationale d’adaptation du droit fiscal aux mutations de l’économie numérique. Elle appelle toutefois une lecture nuancée, tenant compte à la fois de son ambition juridique, de sa portée réelle, et de ses limites économiques dans le contexte camerounais.

1. Une évolution du fondement de l’imposition : au-delà de l’établissement stable

Le droit fiscal camerounais, à l’instar des standards classiques, fonde l’imposition à l’impôt sur les sociétés sur l’existence d’un établissement stable.

L’article 23 bis de la Loi de finances 2026 marque une évolution importante en consacrant le critère de la présence économique significative, permettant à l’État camerounais de revendiquer un droit d’imposition sur la valeur économique créée à partir de son marché, indépendamment de toute implantation matérielle.

2. Les entreprises potentiellement concernées par le dispositif

Le texte vise les entreprises :

  • exerçant des activités relevant du secteur numérique ;
  • non résidentes au Cameroun ;
  • réalisant des opérations génératrices de chiffre d’affaires à partir du territoire camerounais ;
  • susceptibles d’être regardées comme disposant d’une présence économique significative.

À ce titre, et à titre purement illustratif, certaines grandes plateformes internationales telles que META, TikTok ou YouTube pourraient, sur le plan juridique, entrer dans le champ d’application du dispositif, sous réserve de l’appréciation concrète des critères à venir.

3. La notion clé de présence économique significative : une appréciation encore attendue

La présence économique significative constitue le cœur du mécanisme instauré par l’article 23 bis.
Elle suppose l’existence d’une substance économique réelle, traduisant une participation durable et significative à l’économie camerounaise.

Toutefois, dans le contexte actuel :

  • le marché de la publicité numérique au Cameroun demeure relativement limité ;
  • les budgets publicitaires locaux restent faibles ;
  • les revenus publicitaires effectivement générés par certaines plateformes internationales sur le territoire camerounais peuvent être marginaux.

Ainsi, la simple accessibilité d’un service numérique depuis le Cameroun ou l’existence d’une audience locale ne suffisent pas, en elles-mêmes, à caractériser une présence économique significative.

4. Une interrogation légitime : une anticipation normative ?

L’introduction de l’article 23 bis soulève une interrogation juridique légitime :
le législateur n’a-t-il pas anticipé avant que le marché numérique local n’atteigne un niveau de maturité suffisant ?

En effet, le principe d’imposition est posé alors même que :

  • les critères précis de la présence économique significative restent à définir ;
  • la capacité contributive réelle de certains acteurs numériques sur le marché camerounais demeure limitée à ce stade.

Cette approche traduit néanmoins une volonté stratégique d’anticipation et de structuration du cadre fiscal.

5. Les obligations fiscales instituées par l’article 23 bis

Les entreprises entrant dans le champ du dispositif sont tenues de :

  • auto-liquider l’impôt sur les sociétés dû ;
  • procéder à une télé-déclaration ;
  • déposer une déclaration mensuelle du chiffre d’affaires brut réalisé au Cameroun ;
  • effectuer le paiement de l’impôt correspondant au plus tard le 15 du mois suivant.

Le recours au chiffre d’affaires brut comme assiette vise à simplifier le contrôle fiscal et à limiter les possibilités d’optimisation.

6. Exemple illustratif

Une plateforme numérique étrangère propose des services et diffuse de la publicité accessibles depuis le Cameroun, sans disposer d’implantation physique locale.

Si :

  • les campagnes publicitaires sont ciblées spécifiquement vers des utilisateurs situés au Cameroun ;
  • les annonceurs rémunèrent la plateforme pour atteindre cette audience ;
  • et que le chiffre d’affaires ainsi généré devient économiquement significatif,

alors cette entreprise pourrait être regardée comme disposant d’une présence économique significative au Cameroun, au sens de l’article 23 bis de la Loi de finances 2026.

À l’inverse, si les revenus liés au marché camerounais demeurent faibles ou accessoires, l’assujettissement effectif dépendra des seuils et critères qui seront fixés par voie réglementaire.

7. Un dispositif à portée stratégique et prospective

Au-delà de son rendement fiscal immédiat, l’article 23 bis poursuit plusieurs objectifs :

  • affirmer la souveraineté fiscale du Cameroun ;
  • anticiper la croissance future de l’économie numérique ;
  • aligner le cadre juridique national sur les pratiques internationales ;
  • préparer l’administration fiscale à l’évolution des modèles économiques dématérialisés.

L’article 23 bis de la Loi de finances pour l’exercice 2026 constitue une avancée notable en matière de fiscalité du numérique au Cameroun, en posant le principe de l’imposition des entreprises numériques étrangères sur la base de leur présence économique.

Toutefois, la mise en œuvre effective de ce dispositif demeure conditionnée à la publication du texte d’application du Ministre des Finances, appelé à préciser les critères objectifs de la présence économique significative, notamment les seuils de chiffre d’affaires et les modalités de détermination des revenus localisés.

Cette réforme s’inscrit enfin dans un ensemble plus large d’innovations introduites par la Loi de finances 2026, lesquelles traduisent la volonté du législateur d’adapter durablement le système fiscal camerounais aux nouvelles réalités économiques.

Évolution de l’Impôt Général Synthétique au Cameroun entre 2025 et 2026

Impôt Général Synthétique : de la réforme 2025 à la structuration renforcée en 2026

Ce qui a vraiment changé pour les PME camerounaises

L’Impôt Général Synthétique (IGS) a fait son entrée dans le paysage fiscal camerounais avec la Loi de finances 2025, dans un contexte de simplification et de lutte contre l’informalité. Un an plus tard, la Loi de finances 2026 ne se contente plus d’annoncer le régime : elle le stabilise, l’encadre juridiquement et en renforce les exigences.

L’évolution entre 2025 et 2026 marque ainsi le passage d’un régime de transition à un régime fiscal pleinement structuré.

1. En 2025 : un impôt de simplification et de bascule

La réforme de 2025 avait un objectif clair :
👉 remplacer des régimes devenus peu lisibles (impôt libératoire et régime simplifié) par un impôt unique, plus facile à comprendre et à administrer.

L’IGS 2025 se caractérisait par :

  • une logique essentiellement basée sur le chiffre d’affaires,
  • des paiements trimestriels, perçus comme un allègement par rapport aux obligations antérieures,
  • une communication orientée vers la simplicité et l’accessibilité pour les petites entreprises.

À ce stade, l’IGS apparaissait surtout comme un outil de normalisation fiscale, destiné à intégrer progressivement les PME informelles dans le circuit fiscal sans les brusquer.

2. En 2026 : une consécration juridique claire

La Loi de finances 2026 marque un tournant important.
L’IGS n’est plus présenté comme une simple alternative : il est juridiquement consacré comme un impôt unique et libératoire.

Cette consécration apporte plusieurs clarifications majeures :

  • confirmation explicite de la substitution à la patente, à la TVA et à l’IRPP/BIC-BNC-BA,
  • rappel ferme que le caractère libératoire n’efface pas toutes les obligations fiscales, notamment les retenues à la source, les taxes de services et les charges sociales.

👉 Là où 2025 rassurait, 2026 encadre.

3. Une définition plus rigoureuse des contribuables concernés

En 2025, le discours était volontairement simplifié :
moins de 50 millions FCFA de chiffre d’affaires, hors régime du réel.

En 2026, la loi introduit une lecture plus technique et plus sécurisée :

  • distinction claire entre activités commerciales/agropastorales et professions libérales,
  • mécanisme de reclassement automatique en cas de dépassement des seuils,
  • période probatoire de deux exercices avant un éventuel retour à l’IGS.

Cette évolution vise à réduire les comportements opportunistes et à stabiliser la catégorisation fiscale des entreprises.

4. Des obligations déclaratives et de paiement mieux formalisées

Alors que 2025 mettait l’accent sur la périodicité trimestrielle comme avantage,
2026 vient préciser :

  • les délais légaux stricts de déclaration annuelle,
  • la possibilité encadrée de paiements trimestriels sur option,
  • l’exigence de déclarations électroniques conformes.

L’IGS cesse ainsi d’être perçu comme un régime « souple » pour devenir un régime simple mais discipliné.

5. La comptabilité : le vrai changement de philosophie

C’est probablement l’évolution la plus significative.

En 2025, la tenue d’une comptabilité était présentée comme une bonne pratique recommandée.
En 2026, elle devient une obligation légale dès lors que le chiffre d’affaires atteint 10 millions FCFA.

La référence explicite au système minimal de trésorerie OHADA et à la DSF obligatoire traduit un message clair de l’administration :

simplification fiscale ne signifie plus absence de traçabilité.

6. Le rôle renforcé des Centres de Gestion Agréés

Si les CGA étaient déjà mis en avant en 2025 comme un levier d’avantages fiscaux,
la Loi de finances 2026 en fait de véritables partenaires de conformité.

Les abattements fiscaux, la gestion des précomptes, la limitation des contrôles sur place et les pénalités de bonne foi repositionnent les CGA comme :

  • un outil de sécurisation fiscale,
  • un accompagnement structurant,
  • et un filet de protection pour les PME relevant de l’IGS.

Conclusion : de la simplicité à la responsabilité fiscale

Entre 2025 et 2026, l’IGS a changé de nature.
Il est passé :

  • d’un régime pensé pour faciliter l’entrée dans la fiscalité,
  • à un régime conçu pour installer durablement les PME dans la conformité.

Pour les entreprises camerounaises, le message est sans ambiguïté :
👉 l’IGS reste simple, mais il exige désormais organisation, discipline et accompagnement professionnel.

Dans ce contexte, l’anticipation comptable et l’adhésion à un Centre de Gestion Agréé ne sont plus des options de confort, mais des choix stratégiques de pérennité.

Impôt Général sur le Chiffre d’Affaires (IGS) 2026

Impôt Général Synthétique (IGS) : ce que change réellement la Loi de finances 2026

La Loi de finances 2026 consacre et précise le régime de l’Impôt Général Synthétique (IGS), un dispositif central destiné à simplifier l’imposition des petites et moyennes activités économiques tout en renforçant la discipline déclarative et comptable. Les nouvelles dispositions clarifient son champ d’application, ses modalités de paiement, les obligations des contribuables et les avantages spécifiques liés à l’adhésion à un Centre de Gestion Agréé (CGA).

Cet article fait une lecture chronologique et pédagogique des principaux articles du Code Général des Impôts tels que modifiés ou confirmés par la Loi de finances 2026.

1. La consécration juridique de l’Impôt Général Synthétique

Article C 38 du Code Général des Impôts

L’article C 38 institue formellement l’Impôt Général Synthétique comme un impôt unique et libératoire. Il remplace plusieurs impositions majeures auxquelles étaient auparavant soumis les contribuables concernés.

L’IGS est libératoire du paiement de la patente, de la Taxe sur la Valeur Ajoutée, ainsi que de l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques au titre des Bénéfices Industriels et Commerciaux, des Bénéfices Agricoles et des Bénéfices Non Commerciaux. Cette approche vise à simplifier l’environnement fiscal des petites activités économiques en concentrant la charge fiscale dans un seul impôt.

Toutefois, la loi précise que ce caractère libératoire n’exonère pas totalement le contribuable de certaines obligations. Les personnes relevant de l’IGS demeurent assujetties aux taxes et redevances de services, aux contributions des licences, aux retenues à la source opérées par les entités habilitées, ainsi qu’aux charges fiscales et patronales sur les salaires versés à leur personnel.

Enfin, l’article C 38 rappelle que les contribuables à l’IGS restent soumis à l’obligation déclarative annuelle prévue par l’article 74 du CGI. Les acomptes d’impôt prélevés à la source sur leurs facturations sont imputables sur l’impôt dû au titre de l’année suivante, ce qui renforce la logique de suivi fiscal même dans un régime simplifié.

2. Les contribuables concernés par le régime de l’IGS

Article C 39 du Code Général des Impôts

L’article C 39 définit précisément le champ d’application du régime de l’Impôt Général Synthétique en fonction du chiffre d’affaires annuel hors taxes.

Relèvent du régime de l’IGS les contribuables exerçant une activité commerciale, industrielle, artisanale ou agropastorale lorsque leur chiffre d’affaires n’excède pas cinquante millions de francs CFA. Pour les professions libérales, le seuil est fixé à trente millions de francs CFA.

La loi introduit une règle de reclassement automatique. Tout dépassement de ces seuils au cours d’un exercice fiscal entraîne le passage d’office au régime du réel. À l’inverse, lorsqu’un contribuable relevant du régime du réel voit son chiffre d’affaires devenir inférieur aux seuils de l’IGS, il est maintenu au réel pendant une période probatoire de deux exercices fiscaux. Ce n’est qu’au terme de cette période, si le chiffre d’affaires reste inférieur aux seuils, qu’il peut être reclassé au régime de l’IGS.

L’article C 39 apporte également une précision importante en cas d’activités multiples. Seul le chiffre d’affaires afférent aux activités éligibles à l’IGS est pris en compte pour apprécier le respect des seuils, ce qui évite des exclusions injustifiées.

3. Les modalités de déclaration et de paiement de l’IGS

Article C 41 du Code Général des Impôts

L’article C 41 encadre les obligations déclaratives et les modalités de paiement de l’Impôt Général Synthétique.

Tout contribuable assujetti à l’IGS est tenu de souscrire, au plus tard le 15 avril de chaque année, une déclaration détaillée des revenus perçus au cours de l’année fiscale précédente auprès du Centre des Impôts territorialement compétent. Cette déclaration donne lieu à un accusé de réception, renforçant la traçabilité administrative.

En principe, l’impôt est acquitté en un seul versement au moment du dépôt de la déclaration annuelle. Toutefois, la Loi de finances 2026 introduit une flexibilité importante en permettant au contribuable d’opter pour un régime de paiements trimestriels. Dans ce cas, l’impôt est réglé dans les quinze jours suivant la fin de chaque trimestre, sur la base d’une déclaration électronique conforme au modèle prescrit par l’administration fiscale.

Cette disposition traduit une volonté de modernisation et d’adaptation aux réalités de trésorerie des petites entreprises.

4. Les obligations comptables et statistiques des contribuables à l’IGS

Article C 44 du Code Général des Impôts

Contrairement à une idée largement répandue, le régime de l’IGS n’exonère pas totalement de la tenue d’une comptabilité.

L’article C 44 impose aux contribuables relevant de l’IGS et réalisant un chiffre d’affaires égal ou supérieur à dix millions de francs CFA de tenir une comptabilité conforme au système minimal de trésorerie prévu par l’Acte Uniforme OHADA relatif au droit comptable et à l’information financière.

Les éléments comptables ainsi produits doivent être présentés à toute réquisition des services fiscaux. En outre, ces contribuables sont également tenus de souscrire une Déclaration Statistique et Fiscale au plus tard le 15 mai de chaque année.

Cette disposition marque un tournant important. Même sous un régime simplifié, l’exigence de traçabilité comptable devient une condition essentielle de conformité fiscale.

5. Les avantages fiscaux liés à l’adhésion à un Centre de Gestion Agréé

Article 119 du Code Général des Impôts

L’article 119 consacre le rôle stratégique des Centres de Gestion Agréés dans l’encadrement des contribuables à l’IGS et au régime réel.

Les adhérents aux CGA bénéficient d’un abattement de cinquante pour cent sur le bénéfice fiscal déclaré, sans que l’impôt dû soit inférieur au minimum de perception prévu par le Code. Pour les contribuables relevant du régime de l’IGS, cet abattement s’applique directement sur le montant de l’impôt général synthétique annuel.

Ils bénéficient également d’un abattement de cinquante pour cent sur la base de calcul du précompte sur achats des distributeurs lorsque les achats sont effectués auprès de producteurs ou de distributeurs grossistes agréés. Le précompte ainsi acquitté constitue le minimum de perception. Pour les contribuables à l’IGS, ce précompte est imputable sur l’impôt dû au titre du trimestre suivant.

L’article 119 prévoit en outre une dispense de contrôles fiscaux sur place pour la période non prescrite lorsque l’adhésion au CGA est intervenue avant le 31 décembre 2016, ainsi que l’application des pénalités de bonne foi pour les contrôles couvrant la période postérieure à l’adhésion.

Enfin, la loi accorde des avantages spécifiques aux promoteurs de CGA justifiant d’au moins cent adhérents actifs. Ceux-ci bénéficient d’un abattement de cinquante pour cent sur l’impôt sur les sociétés ou sur l’impôt sur le revenu des personnes physiques pour la part des revenus tirés des activités des CGA, ainsi que d’une exemption des charges fiscales et patronales sur les salaires versés aux personnels employés par les CGA.

Conclusion : l’IGS en 2026, un régime simplifié mais structuré

La Loi de finances 2026 confirme que l’Impôt Général Synthétique n’est plus un régime approximatif ou informel. Il s’agit désormais d’un cadre fiscal structuré, assorti d’obligations déclaratives, comptables et statistiques claires, mais aussi d’avantages significatifs pour les contribuables bien accompagnés.

Dans ce contexte, les Centres de Gestion Agréés apparaissent comme des acteurs clés de sécurisation fiscale, de discipline comptable et de prévention des redressements. Pour les contribuables relevant de l’IGS, l’adhésion à un CGA n’est plus seulement un avantage fiscal, mais un véritable outil de conformité et de pérennité.

Précompte sur loyers 2026 au Cameroun : taux réduit 10 %, nouveaux critères d’exemption et exemple de loyer 200 000 FCFA

Précompte sur Loyers 2026 : Baisse du Taux et Nouveaux Critères d’Exemption

Le précompte sur loyers est un mécanisme fiscal essentiel permettant à l’État de percevoir une avance sur l’impôt que le bailleur doit payer sur ses revenus fonciers. Même s’il est payé par le locataire, l’impôt final reste à la charge du bailleur.

La loi de finances 2026 apporte des changements majeurs pour simplifier et harmoniser la fiscalité des loyers. Pour un rappel complet du fonctionnement avant 2026, consultez notre article 2025 sur le précompte sur loyers.

1. Rappel du fonctionnement avant 2026

Avant 2026, le précompte sur loyers était calculé à un taux de 15 % sur les loyers versés. Le locataire devait retenir cette somme et la reverser au fisc au plus tard le 15 du mois suivant le paiement. Le bailleur, quant à lui, déclarait les loyers perçus et déduisait le précompte versé pour calculer l’impôt final sur ses revenus fonciers.

Exemple 2025 :
Pour un loyer de 200 000 FCFA, le locataire retenait 30 000 FCFA (15 %) à verser au fisc. Ce montant constituait une avance sur l’impôt final du bailleur.

2. Innovations fiscales 2026

En 2026, l’article 87 du Code Général des Impôts a été modifié pour réduire le taux du précompte sur loyers et clarifier les exemptions. Le taux est passé de 15 % à 10 %, aligné sur le taux libératoire de l’impôt foncier dû par les particuliers. Cette mesure permet de réduire la charge fiscale sur les revenus fonciers et de faciliter la gestion pour les locataires et les bailleurs.

Les nouveaux critères d’exemption concernent :

  • Les contribuables habilités par le MINFI à effectuer des retenues à la source.
  • Les contribuables relevant de l’IGS versant un loyer à une entreprise au régime réel.

L’objectif est d’harmoniser et simplifier la fiscalité des loyers tout en rendant la mesure plus efficace.

3. Exemple concret : ce qui change en 2026

AnnéeTaux de précompteMontant retenuCommentaire
202515 %30 000 FCFAAncien taux appliqué
202610 %20 000 FCFANouveau taux réduit, aligné sur l’impôt libératoire

Avec ce changement, le locataire verse moins, et le bailleur bénéficie d’une avance fiscale ajustée. Les exemptions permettent également de simplifier la gestion et d’éviter des retenues inutiles.

4. Conseils pratiques pour locataires et bailleurs

Pour le locataire, il est important d’appliquer le nouveau taux de 10 %, de vérifier l’éligibilité des loyers aux exemptions et de respecter les délais de versement pour éviter les pénalités.

Pour le bailleur, il faut déclarer correctement les loyers perçus et le précompte versé, ajuster la déclaration selon les exemptions applicables et conserver les justificatifs pour la régularisation annuelle de l’impôt.

5. Clôture : Innovations de la loi de finances 2026

Les changements majeurs introduits en 2026 sont :

  • Taux réduit du précompte sur loyers de 15 % à 10 %.
  • Clarification des exemptions pour le MINFI et l’IGS, et pour les loyers versés à des entreprises au régime réel.
  • Objectif global : harmoniser et simplifier la fiscalité des loyers tout en améliorant l’efficacité du recouvrement.

Ces nouveautés facilitent la gestion pour les locataires et bailleurs, tout en assurant une collecte efficace pour l’administration fiscale.

.

Taxe foncière au Cameroun – changements Loi de finances 2026

Loi de finances 2026 : ce qui change pour la taxe foncière au Cameroun

La taxe foncière est un impôt que tous les propriétaires de biens immobiliers au Cameroun connaissent bien. Jusqu’en 2025, elle était simple : un taux unique de 0,1 % s’appliquait sur la valeur locative cadastrale de tout bien immobilier, qu’il soit bâti ou non bâti. Peu importe que vous possédiez une petite maison ou un vaste patrimoine immobilier, le calcul restait le même. Si vous souhaitez comprendre en détail le fonctionnement de la taxe foncière avant 2026, vous pouvez consulter notre article complet : La Taxe Foncière au Cameroun : Ce que tout Propriétaire doit savoir.

Avec la Loi de finances 2026, la situation change. L’article C 53 de la loi de Finance de 2026 introduit une réforme majeure : la taxe foncière devient progressive pour les contribuables possédant un patrimoine immobilier important. Le taux de base de 0,1 % est maintenu pour les petites propriétés, mais au-delà de 500 millions FCFA, un barème progressif s’applique : 0,2 % pour les biens entre 500 millions et 1 milliard, et 0,3 % au-delà de 1 milliard.

Exemple pratique : comprendre la différence avant / après 2026

Imaginons un propriétaire qui détient trois immeubles et deux terrains, pour une valeur totale de 1,2 milliard FCFA.

  • Avant 2026 : taux unique de 0,1 % → taxe due : 1,2 million FCFA
  • Après 2026 (barème progressif) :
    • 0–500 millions → 0,1 % = 500 000 FCFA
    • 500 millions – 1 000 millions → 0,2 % = 1 000 000 FCFA
    • au-delà de 1 000 millions → 0,3 % = 600 000 FCFA

Total après réforme : 2,1 millions FCFA

➡️ La différence est significative et montre clairement l’effet de la progressivité pour les grands patrimoines.

Cette illustration permet de comprendre pourquoi il est désormais crucial de déclarer l’ensemble de ses biens immobiliers et de maîtriser son patrimoine foncier, afin de rester en conformité et d’anticiper les charges fiscales.

Pourquoi cette réforme est importante

La réforme de la taxe foncière ne se limite pas à un ajustement des taux : elle s’inscrit dans une stratégie de meilleure gestion fiscale et transparence. En croisant la déclaration des revenus des particuliers avec le patrimoine immobilier, l’État peut mieux contrôler les impôts qui échappaient auparavant à l’assiette fiscale.

Pour les propriétaires, c’est l’occasion de prendre une approche proactive de la gestion de leur patrimoine et de se faire accompagner par un expert-comptable pour optimiser la déclaration et anticiper les nouvelles obligations.

Conclusion

La réforme de la taxe foncière avec la Loi de finances 2026 maintient la simplicité pour les petits propriétaires tout en introduisant plus de justice fiscale pour les grands patrimoines. L’exemple pratique ci-dessus illustre parfaitement la différence avant et après la réforme et montre l’importance de préparer sa déclaration foncière de manière complète et anticipée.

Pour découvrir toutes les innovations introduites par la Loi de finances 2026, notamment en matière de fiscalité locale et de patrimoine immobilier, consultez notre article dédié : Les innovations de la Loi de finances 2026 au Cameroun.

Illustration représentant les innovations de la Loi de Finances 2026 au Cameroun, avec des symboles de fiscalité, de modernisation et de réforme du système fiscal.

Les innovations majeures de la Loi de Finances 2026 : ce qui change pour les contribuables

La Loi de Finances 2026 s’inscrit dans une dynamique de modernisation profonde du système fiscal camerounais. Face à un objectif de mobilisation des recettes porté à 3 600 milliards FCFA, contre 3 200 milliards FCFA en 2025, le législateur a introduit un ensemble de mesures nouvelles visant à améliorer le climat des affaires, élargir l’assiette fiscale, sécuriser les recettes, promouvoir le civisme fiscal, lutter contre la fraude, soutenir les populations et accompagner la transition écologique.

Cet article présente les principales innovations de la Loi de Finances 2026, en mettant systématiquement en évidence leur base juridique et leurs impacts pratiques pour les entreprises et les particuliers.

I. Amélioration du climat des affaires

1. Incitations renforcées à l’emploi des jeunes diplômés

La Loi de Finances 2026 renforce les dispositifs fiscaux en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes, notamment par l’extension des avantages aux contrats d’alternance, l’instauration d’un crédit d’impôt insertion de 20 % des dépenses engagées et d’un crédit d’impôt mentorat.

Base juridique : articles 105 et 105 bis du CGI, tels que modifiés.

2. Allègement fiscal sur les revenus exceptionnels

L’abattement forfaitaire applicable aux revenus exceptionnels des personnes physiques est relevé de 25 % à 35 %, réduisant ainsi la base imposable de certaines primes et indemnités.

Base juridique : article 65 bis du CGI modifié.

3. Réforme du précompte sur loyers

Le taux du précompte sur loyers est abaissé de 15 % à 10 % et les critères d’exemption sont clarifiés afin d’harmoniser la fiscalité des loyers et d’en améliorer l’efficacité.

Base juridique : article 87 du CGI modifié.

4. Ajustements liés à la fiscalité locale et à l’IGS

La Loi de Finances 2026 clarifie le caractère libératoire de l’IGS, précise les conditions d’éligibilité au régime, aménage les obligations déclaratives et étend certains abattements aux membres des Centres de Gestion Agréés.

Base juridique : articles C38, C39, C41, C44 et C86 du CGI.

II. Élargissement de l’assiette fiscale

1. Fiscalité des entreprises numériques non-résidentes

Les opérateurs numériques étrangers réalisant des affaires au Cameroun sans établissement physique sont désormais assujettis à l’IS sur la base d’une présence économique significative.

Base juridique : articles 5 bis, 5 ter, 17 quater et 21(1)(f) du CGI.

2. Relèvement ciblé des droits d’accises

Les droits d’accises sont augmentés sur les vins et spiritueux haut de gamme, à l’exclusion de la bière, afin d’accroître les recettes sans pénaliser les produits de grande consommation.

Base juridique : article 142(8) du CGI modifié.

3. Introduction d’un taux réduit de TVA à 10 %

Certaines opérations immobilières à caractère social, auparavant exonérées, sont désormais soumises à un taux réduit de TVA de 10 %.

Base juridique : article 142 du CGI modifié.

III. Sécurisation des recettes fiscales

1. Taxation en temps réel

La Loi de Finances 2026 institue un dispositif de taxation en temps réel reposant sur la transmission instantanée des données de transaction à l’administration fiscale.

Base juridique : article L 8 sexies du CGI.

2. Renforcement des mécanismes de retenue à la source

De nouveaux précomptes sont instaurés, notamment dans les secteurs des télécommunications et des plateformes numériques, afin de sécuriser le recouvrement à la source.

Base juridique : articles 21 et 58 du CGI.

3. Assistance internationale au recouvrement

L’administration fiscale camerounaise peut désormais solliciter l’assistance d’administrations étrangères pour le recouvrement des créances fiscales.

Base juridique : article L 94 septies du LPF.

IV. Promotion du civisme fiscal

1. Obligation de déclaration préalable en cas de cessation d’activité

Les contribuables doivent désormais déclarer leur cessation d’activité trois mois à l’avance, afin de sécuriser le recouvrement des impôts dus.

Base juridique : articles 95, 95 bis, 96 du CGI et L 105 quater du LPF.

2. Renforcement des sanctions pour défaillance déclarative

De nouvelles amendes forfaitaires et graduées sont introduites en cas de défaut ou de retard de déclaration.

Base juridique : articles L 97 et L 99(4) du CGI.

3. Rapport de revue fiscale obligatoire pour les grandes entreprises

Les entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard FCFA doivent désormais annexer à leur DSF un rapport de revue fiscale établi par un conseil fiscal agréé.

Base juridique : article L 6 quater du CGI.

V. Lutte contre la fraude et l’évasion fiscales

La Loi de Finances 2026 renforce les pouvoirs de l’administration en matière de taxation d’office, sécurise juridiquement les agents des impôts et clarifie les règles applicables aux comptabilités informatisées.

Bases juridiques principales : articles L 30 bis, L 114 bis et L 125 quater du LPF.

VI. Soutien socio-économique et transition écologique

Des mesures fiscales ciblées sont introduites en faveur des personnes handicapées, du pouvoir d’achat (bouquets TV de base) et de la protection de l’environnement, notamment à travers l’instauration de taxes environnementales et des exonérations pour les véhicules au gaz naturel.

Bases juridiques : articles 124 quater à 124 octies, 142 du CGI, ainsi que les articles 149(2) et 228 septies du CGI.

Conclusion

La Loi de Finances 2026 marque un tournant structurant pour la fiscalité camerounaise. Elle combine des mesures d’incitation économique, un élargissement de l’assiette fiscale et un renforcement significatif des mécanismes de contrôle et de recouvrement. Pour les entreprises et les contribuables, une lecture attentive des nouvelles dispositions et une mise en conformité anticipée s’imposent afin de tirer parti des opportunités offertes tout en maîtrisant les nouveaux risques fiscaux.