1. Qu’est-ce que l’IRCM ? L’Impôt sur les Revenus de Capitaux Mobiliers (IRCM) est la taxe appliquée sur les gains que vous réalisez grâce à vos placements financiers. Pensez aux intérêts de votre épargne, aux dividendes de vos actions, ou aux profits lors de la vente de titres. En bref, il vise à taxer la richesse générée par votre capital, et non par votre travail. L’IRCM constitue une catégorie spécifique de revenus dans le cadre de l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP). Cette spécificité se justifie par la nature particulière des revenus concernés, qui ne sont pas le fruit d’un travail ou d’une activité professionnelle, mais la rémunération d’un capital investi. La particularité de cet impôt réside aussi dans son mode de recouvrement, généralement opéré à la source, ce qui le rend particulièrement efficace et simplifie les démarches administratives pour les contribuables. 2. Quels revenus sont concernés ? L’IRCM s’applique à une variété de gains issus de placements financiers ou d’investissements en capital. Ces revenus sont classés en plusieurs catégories selon leur nature et leurs caractéristiques. ✅ Revenus Imposables : ce qui est taxé Revenus Variables (Ex : Dividendes) Il s’agit de gains dont le montant peut fluctuer d’une période à l’autre, en fonction des résultats économiques de l’entité qui les verse : Dividendes : La part des bénéfices que les entreprises camerounaises distribuent à leurs actionnaires ou associés après approbation des comptes annuels. Autres distributions de bénéfices : Rémunérations et avantages octroyés aux associés ou actionnaires en dehors des dividendes officiels (avances, prêts à taux préférentiel, prise en charge de dépenses personnelles…). Jetons de présence : Sommes allouées aux membres du conseil d’administration d’une société anonyme en rémunération de leur participation aux réunions. Tantièmes : Part des bénéfices attribuée aux administrateurs de certaines sociétés. Revenus Fixes (Ex : Intérêts) Ces gains ont généralement un montant prédéterminé ou calculable selon des modalités fixées à l’avance : Intérêts sur les prêts que vous accordez sous forme d’obligations ou d’effets publics. Revenus de vos créances (prêts à des tiers), dépôts bancaires, et sommes versées en garantie (cautionnements). Intérêts des comptes courants d’associés dans les sociétés. Produits des bons de caisse émis par les entreprises. Revenus des obligations à revenu fixe émises par des entités privées ou publiques. Plus-values (Profits de Vente) Il s’agit du bénéfice réalisé lorsque vous vendez plus cher que vous n’avez acheté certains titres : Actions, obligations, parts sociales : La différence positive entre le prix de vente et le prix d’acquisition de ces titres. Titres liés aux ressources naturelles : Plus-values sur la cession de droits sociaux dans des entreprises dont l’actif est principalement constitué de titres miniers ou pétroliers. Cessions de droits d’attribution ou de souscription. 3. Revenus Exonérés : ce qui n’est PAS taxé (sous conditions) Certains revenus sont spécifiquement exclus de l’IRCM, souvent pour encourager certains types d’investissements ou protéger les petits épargnants : Intérêts des bons et obligations émis par l’État camerounais ou les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD) : Cette exonération vise à encourager les investisseurs à financer les projets publics. Intérêts de votre épargne bancaire si le montant total épargné ne dépasse pas 50 millions FCFA : Mesure favorable aux petits épargnants, qui permet de stimuler l’épargne des particuliers tout en préservant leur pouvoir d’achat. Intérêts issus des comptes épargne-logement : Dispositif conçu pour favoriser l’accession à la propriété en encourageant l’épargne destinée à l’acquisition d’un logement. Intérêts sur les emprunts contractés à l’étranger pour une durée d’au moins 7 ans : Cette exonération vise à attirer les financements étrangers à long terme, particulièrement utiles pour les grands projets d’investissement. Plus-values (profits de vente) inférieures à 500 000 FCFA par an : Seuil en dessous duquel les gains de cession sont considérés comme non significatifs. Plus-values réalisées sur des titres cotés à la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) : Mesure destinée à dynamiser le marché boursier régional en rendant plus attrayants les investissements en actions cotées. 4. Quel est le taux de l’IRCM ? Le taux applicable varie selon la nature des revenus et le statut du bénéficiaire : Dividendes et distributions assimilées Taux standard : 15% du montant brut des dividendes Majoration : +10% au titre des Centimes Additionnels Communaux (CAC) Taux global effectif : 16,5% (15% + 1,5% de CAC) Intérêts et revenus assimilés Taux standard : 15% du montant brut des intérêts Majoration : +10% au titre des Centimes Additionnels Communaux (CAC) Taux global effectif : 16,5% (15% + 1,5% de CAC) Plus-values sur cessions de valeurs mobilières Taux standard : 10% de la plus-value nette réalisée Majoration : +10% au titre des Centimes Additionnels Communaux (CAC) Taux global effectif : 11% (10% + 1% de CAC) Cas particuliers Revenus versés dans un paradis fiscal : Le taux peut être majoré (jusqu’à 30% selon les cas) Non-résidents : Application possible de taux réduits en fonction des conventions fiscales internationales 5. Comment l’IRCM est-il payé ? Facile : la retenue à la source ! L’IRCM présente la particularité d’être prélevé directement par celui qui vous verse les revenus, ce qui simplifie considérablement les démarches administratives pour le bénéficiaire : Retenue à la source L’organisme payeur prélève l’impôt avant de vous verser le revenu net : Pour les intérêts : Votre banque ou l’établissement financier Pour les dividendes : L’entreprise qui distribue les bénéfices Pour une plus-value : L’intermédiaire financier qui gère la transaction (société de bourse, agent de change…) Versement à la DGI Cet organisme a ensuite 15 jours après le paiement du revenu pour reverser l’impôt collecté à la Direction Générale des Impôts. Le versement s’accompagne généralement d’une déclaration récapitulative précisant l’identité des bénéficiaires et les montants versés. Cas particulier des dividendes Les dividendes sont considérés comme mis à disposition (et donc l’impôt est dû) au plus tard 9 mois après la clôture de l’exercice de l’entreprise, même s’ils ne sont pas encore physiquement versés. Cette disposition évite que les entreprises ne diffèrent indéfiniment le versement des dividendes pour reporter le paiement de l’impôt. 6. Exemples concrets Exemple 1 : Dividendes Supposons que vous détenez des actions d’une société camerounaise qui vous verse 1 000 000 FCFA de dividendes : IRCM dû : 1 000 000 × 15% = 150 000 FCFA CAC : 150 000 × 10% = 15 000 FCFA Total prélevé à la source : 165 000 FCFA Montant net que vous recevrez : 835 000 FCFA Exemple 2 : Intérêts bancaires Si vous avez un compte d’épargne avec 60 millions FCFA qui génère 3% d’intérêts annuels : Intérêts bruts : 60 000 000 × 3% = 1 800 000 FCFA IRCM dû : 1 800 000 × 15% = 270 000 FCFA CAC : 270 000 × 10% = 27 000 FCFA Total prélevé à la source : 297 000 FCFA Intérêts nets crédités sur votre compte : 1 503 000 FCFA Exemple 3 : Plus-value sur cession d’actions Si vous vendez des actions pour 3 500 000 FCFA que vous aviez achetées 2 000 000 FCFA : Plus-value réalisée : 3 500 000 – 2 000 000 = 1 500 000 FCFA IRCM dû : 1 500 000 × 10% = 150 000 FCFA CAC : 150 000 × 10% = 15 000 FCFA Total à payer : 165 000 FCFA 7. Obligations déclaratives Pour les organismes payeurs Les entités qui versent des revenus de capitaux mobiliers ont plusieurs obligations : Déclaration mensuelle des retenues effectuées à déposer avec le paiement avant le 15 du mois suivant Déclaration annuelle récapitulative à souscrire avant le 31 mars de l’année suivante Délivrance d’une attestation de retenue à chaque bénéficiaire, précisant la nature et le montant des revenus, ainsi que l’impôt prélevé Pour les bénéficiaires des revenus En principe, grâce à la retenue à la source, le contribuable n’a pas de démarche particulière à effectuer pour l’IRCM. Toutefois : Les revenus de capitaux mobiliers doivent être mentionnés dans la déclaration annuelle des revenus (même s’ils ont déjà été imposés à la source) Si certains revenus n’ont pas fait l’objet d’une retenue (revenus de source étrangère par exemple), le contribuable doit les déclarer spontanément et acquitter l’impôt correspondant Conclusion L’Impôt sur les Revenus de Capitaux Mobiliers constitue un mécanisme fiscal efficace qui permet de taxer les revenus du capital de manière simple et sécurisée, grâce au système de retenue à la source. Ce dispositif présente l’avantage de garantir un recouvrement optimal pour l’État tout en simplifiant les obligations déclaratives des contribuables. De plus, les diverses exonérations prévues permettent d’orienter l’épargne vers certains secteurs prioritaires (investissements publics, accession au logement) ou de protéger les petits épargnants. Pour optimiser votre situation fiscale, il peut être judicieux d’étudier les différentes possibilités d’investissement en tenant compte non seulement de leur rendement brut, mais également de leur traitement fiscal particulier.

Comment éviter le contentieux fiscal au Cameroun (2025) — Guide pratique de prévention

Le contentieux fiscal n’est pas une fatalité.
Dans la majorité des cas, il découle d’une mauvaise compréhension des obligations fiscales ou d’un manque de suivi administratif.

Le Livre des Procédures Fiscales 2025 offre pourtant un cadre clair permettant aux entreprises de se conformer à la loi, anticiper les contrôles et dialoguer efficacement avec l’administration.

Ce guide pratique présente les bonnes pratiques pour éviter tout contentieux fiscal au Cameroun — de la prévention à la gestion des litiges.

I. Connaître et respecter ses obligations fiscales

(Référence : Articles L1 à L22 du LPF)

La première étape pour éviter les litiges consiste à connaître les obligations fiscales de votre entreprise :

  • dépôt régulier des déclarations mensuelles et annuelles ;
  • tenue comptable conforme et à jour ;
  • respect des délais de paiement et des procédures électroniques.

💡 Astuce : mettez en place un calendrier fiscal mensuel pour suivre toutes les échéances.

II. Se préparer efficacement au contrôle fiscal

(Référence : Articles L18 à L28 bis du LPF)

Un contrôle fiscal ne doit pas être perçu comme une menace, mais comme une vérification normale.
Pour éviter les désaccords :

  • préparez tous les livres comptables et pièces justificatives ;
  • répondez avec précision aux demandes de l’administration ;
  • sollicitez un entretien contradictoire en cas d’incompréhension.

📘 Voir aussi : La procédure de redressement fiscal contradictoire

III. Éviter la taxation d’office et les redressements abusifs

(Référence : Articles L29 à L33 ter du LPF)

La taxation d’office survient souvent à cause du non-dépôt de déclarations ou du manque de communication avec l’administration.
Pour l’éviter :

  • déposez toujours vos déclarations, même si le montant est nul ;
  • répondez rapidement à toute notification ou mise en demeure ;
  • demandez un rescrit fiscal avant toute opération complexe.

📘 Voir : Taxation d’office et abus de droit fiscal

IV. Utiliser les voies de recours avant le tribunal

(Référence : Articles L116 à L127 du LPF)

Avant d’en arriver au tribunal administratif, plusieurs recours permettent de résoudre un litige à l’amiable :

  • réclamation contentieuse auprès de la DGI (article L116) ;
  • recours hiérarchique auprès du Directeur général des impôts ;
  • ou négociation directe avec le service de vérification.

📘 Voir aussi :

V. Anticiper le recouvrement forcé et négocier les paiements

(Référence : Articles L128 à L136 du LPF)

En cas de difficultés financières, il est préférable de dialoguer avec le receveur des impôts avant toute procédure de saisie.
Vous pouvez demander :

  • un échelonnement des paiements,
  • ou une suspension temporaire en cas de litige.

📘 Voir : Recouvrement forcé et exécution des décisions fiscales

VI. Mettre en place une stratégie de prévention fiscale

  • Tenez votre comptabilité à jour chaque mois.
  • Faites auditer vos comptes régulièrement par un cabinet agréé.
  • Centralisez vos documents (bordereaux, accusés, courriers).
  • Formez vos collaborateurs aux bases du droit fiscal camerounais.

💬 Conseil final : une entreprise bien organisée sur le plan fiscal réduit de plus de 70 % ses risques de contentieux selon les statistiques de la DGI.

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