Ce qui a vraiment changé pour les PME camerounaises
L’Impôt Général Synthétique (IGS) a fait son entrée dans le paysage fiscal camerounais avec la Loi de finances 2025, dans un contexte de simplification et de lutte contre l’informalité. Un an plus tard, la Loi de finances 2026 ne se contente plus d’annoncer le régime : elle le stabilise, l’encadre juridiquement et en renforce les exigences.
L’évolution entre 2025 et 2026 marque ainsi le passage d’un régime de transition à un régime fiscal pleinement structuré.
1. En 2025 : un impôt de simplification et de bascule
La réforme de 2025 avait un objectif clair :
👉 remplacer des régimes devenus peu lisibles (impôt libératoire et régime simplifié) par un impôt unique, plus facile à comprendre et à administrer.
L’IGS 2025 se caractérisait par :
- une logique essentiellement basée sur le chiffre d’affaires,
- des paiements trimestriels, perçus comme un allègement par rapport aux obligations antérieures,
- une communication orientée vers la simplicité et l’accessibilité pour les petites entreprises.
À ce stade, l’IGS apparaissait surtout comme un outil de normalisation fiscale, destiné à intégrer progressivement les PME informelles dans le circuit fiscal sans les brusquer.
2. En 2026 : une consécration juridique claire
La Loi de finances 2026 marque un tournant important.
L’IGS n’est plus présenté comme une simple alternative : il est juridiquement consacré comme un impôt unique et libératoire.
Cette consécration apporte plusieurs clarifications majeures :
- confirmation explicite de la substitution à la patente, à la TVA et à l’IRPP/BIC-BNC-BA,
- rappel ferme que le caractère libératoire n’efface pas toutes les obligations fiscales, notamment les retenues à la source, les taxes de services et les charges sociales.
👉 Là où 2025 rassurait, 2026 encadre.
3. Une définition plus rigoureuse des contribuables concernés
En 2025, le discours était volontairement simplifié :
moins de 50 millions FCFA de chiffre d’affaires, hors régime du réel.
En 2026, la loi introduit une lecture plus technique et plus sécurisée :
- distinction claire entre activités commerciales/agropastorales et professions libérales,
- mécanisme de reclassement automatique en cas de dépassement des seuils,
- période probatoire de deux exercices avant un éventuel retour à l’IGS.
Cette évolution vise à réduire les comportements opportunistes et à stabiliser la catégorisation fiscale des entreprises.
4. Des obligations déclaratives et de paiement mieux formalisées
Alors que 2025 mettait l’accent sur la périodicité trimestrielle comme avantage,
2026 vient préciser :
- les délais légaux stricts de déclaration annuelle,
- la possibilité encadrée de paiements trimestriels sur option,
- l’exigence de déclarations électroniques conformes.
L’IGS cesse ainsi d’être perçu comme un régime « souple » pour devenir un régime simple mais discipliné.
5. La comptabilité : le vrai changement de philosophie
C’est probablement l’évolution la plus significative.
En 2025, la tenue d’une comptabilité était présentée comme une bonne pratique recommandée.
En 2026, elle devient une obligation légale dès lors que le chiffre d’affaires atteint 10 millions FCFA.
La référence explicite au système minimal de trésorerie OHADA et à la DSF obligatoire traduit un message clair de l’administration :
simplification fiscale ne signifie plus absence de traçabilité.
6. Le rôle renforcé des Centres de Gestion Agréés
Si les CGA étaient déjà mis en avant en 2025 comme un levier d’avantages fiscaux,
la Loi de finances 2026 en fait de véritables partenaires de conformité.
Les abattements fiscaux, la gestion des précomptes, la limitation des contrôles sur place et les pénalités de bonne foi repositionnent les CGA comme :
- un outil de sécurisation fiscale,
- un accompagnement structurant,
- et un filet de protection pour les PME relevant de l’IGS.
Conclusion : de la simplicité à la responsabilité fiscale
Entre 2025 et 2026, l’IGS a changé de nature.
Il est passé :
- d’un régime pensé pour faciliter l’entrée dans la fiscalité,
- à un régime conçu pour installer durablement les PME dans la conformité.
Pour les entreprises camerounaises, le message est sans ambiguïté :
👉 l’IGS reste simple, mais il exige désormais organisation, discipline et accompagnement professionnel.
Dans ce contexte, l’anticipation comptable et l’adhésion à un Centre de Gestion Agréé ne sont plus des options de confort, mais des choix stratégiques de pérennité.

